C’est un rien de la vie ordinaire : j’ai découvert tout récemment que mes mains n’étaient pas immondes. Élargissement inattendu de mon champ des possibles.
Voilà 30 ans que je les observais, dépitée. Dépitée que ces mains qui me sont si précieuses ne soient pas, visuellement, à la hauteur de la place immense qu’elles tiennent dans ma vie : mes mains écrivaines, vecteur infatigable de tout ce qui me passe par la tête. Ces deux araignées bricoleuses, agiles comme pas deux. Cuisinières. Petites extrémités curieuses, touche-à-tout.
Je les ai toujours aimé. Mais pas assez. J’avais pour elles le même amour honteux, coupable, que celui de dame cane pour son caneton noir. Si seulement, me disais-je, je pouvais les ôter chaque fois que je pose la plume comme un peintre laisse à son atelier la palette sur laquelle il invente ses couleurs.
Je les aimais tellement, et je les cachais.
C’est une toute jeune esthéticienne qui a eu pitié d’elles un jour. Je vois encore son joli visage poser avec application sur ces ongles tordus un vernis vermillon. Et mon visage, à moi, dans le miroir installé derrière elle, qui découvrait des mains d’une étonnante normalité.
C’est un peu ridicule. Et en même temps pas du tout ridicule parce qu’on s’habitue tant à la sévérité de nos jugements qu’en apparence, ces désamours infimes ne pèsent pas, il font partie de nous comme les oreilles ou les doigts de pieds. Ce n’est que lorsqu’ils disparaissent qu’on en sent la mesure.
Ce jour-là, en un éclair, ma gestuelle a changé. Les mains honteuses, d’un coup, ont délaissé mes poches, quitté le dessous de la table. Elles ont arrangé mes cheveux ailleurs que le matin devant ma glace, découvert le plaisir minutieux d’être peintes et la joie coquette de pincer gracieusement l’anse d’une tasse à thé. Elles se sont envolées. Comme si en une seconde, sorties d’une adolescence difficile, elles étaient devenues adultes.
Et je repense à toutes ces minuscules barrières qu’on se pose à soi-même. Toutes les choses qui pèsent, l’air de rien, leur poids de gêne, de mal-à-l’aise et d’embarras. À tout ce dont on se prive quand ont ne s’aime pas assez.
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Et sinon, il faut que je vous dise : j’ai un petit projet dans les cartons, en collaboration avec une bien jolie marque, truffé de bonnes adresses et que j’ai hâte de vous présenter. Il devrait être mis en ligne la semaine prochaine, je vous en reparlerai plus longuement mardi. A suivre !
45 réflexions sur “Tout ce dont on se prive”
J’ai vécu la même chose avec mes petons. Je vis les étés les plus agréables de ma vie depuis que j’ai découvert la pédicure et la pose de faux ongles. Fini les chaussettes, les chaussures fermées, les pieds cachés sous le sable l’été a cause d’un vieil accident !
Hé hé c’était moi ce comm, je sais pas pourquoi il est anonyme :)
Il m’est arrivé la même aventure avec mes pieds ;-)
Vernir mes ongles, c’est un petit plaisir que je m’offre de temps en temps, et c’est fou comme cela change la gestuelle, en effet. Quel dommage de ne pas le faire plus souvent…
les miennes de mains ne sont ni belles ni habiles ! mais j’aime m’en peinturlurer les extremitées quand meme !
Oui sur ces photos je vois de très jolies mains, loin de devoir être cachées. D’autant plus que comme tu dis, elles sont le véhicule de ta pensée et de tes mots.
Des ongles vernis sont de tout façon le meilleur moyen d’avoir envie de montrer ses mains, c’est un beau signe de feminité je trouve!
Quelles jolies photos pleines de spontanéité… on sent la libération ! :rit
J’ai découvert avec surprise (moi qui n’ai jamais mis de vernis coloré sur mes pôôôvres ongles) que tu ne recouvrais pas l’ongle en entier ! Aaah la gruuuge pour donner l’impression qu’on a les ongles fins !! Si je m’y mets, j’aurai bien besoin de ce petit truc avec mes doigts boudinés… :clin
En passant, j’ai mis en ligne mes photos bleues hier… mais je vois qu’ici, on est déjà passé au rouge !
Bonne journée !
Héhé oui, je triche complètement. C’est ma merveilleuse petite esthéticienne qui m’a montré comment m’y prendre pour redessiner l’ongle. Ca change tout, vraiment et ce n’est pas plus compliqué que d’en mettre sur toute la surface de l’ongle.
En fait, je trouve finalement que le vernis arrange beaucoup les choses, contrairement à ce que je pensais initialement.
Bonjour,
J’aime beaucoup la dernière photo, tu dégages quelque chose.
Quand j’étais ado c’était ma bouche un peu charnue qui me gênait. J’avais l’impression qu’elle était trop « proéminente ».
Mais le temps passe et en fait on s’habitue et c’est ce qui fait la diversité de chacun. En tout cas très beau texte.
Les mains ne devraient jamais être cachées…
Elles sont l’exacte vitrine de ce que nous sommes, de ce que nous produisons…
Une trace de crayon, un reste de peinture, un vernis un peu écaillé ou bien son contraire, une légère bosse sur l’index droit ou gauche sont autant de témoins de la façon dont les gens vivent et de ce qu’ils sont.
Je n’aime pas qu’elles soient dissimulées, ça m’envoit comme message que l’on a quelque chose à me cacher.
En y regardant de près, toute la vie d’une personne y est inscrite… Et toutes ses étapes aussi. Comme celle du passage de l’enfant à l’adulte, par exemple…
Contente que tu te soit libérée alors, car tu te privais d’un plaisir sans nom!! Le vernis rouge sur les mains je trouve ça so chic au possible!!
ps: et tu as de trés jolies mains au passage!
Je trouve ça génial les jolis textes que tu écris sur un sujet comme celui là.
J’adore!
Mel
Eh bonne idée le vernis sur le milieu de l’ongle seulement, tu as de jolies mains je trouve, je n’aime pas vraiment les miennes non plus, j’ai de toutes petites mains (et accessoirement les petits pieds qui vont avec) et mes ongles qui poussent bizarrement et ne tiennent pas le moindre choc… il faudrait que me décide à aller une fois chez la manucure, mais je n’aime pas qu’on s’occupe de moi (coiffeur, manucure, esthéticienne brrrr) mais je franchirai sûrement le pas un jour.
Bout des doigts legerement bombes… des mains de pianiste ?
Bah elles sont très jolies ces mains… ! Et ce qui est chouette avec le vernis, c’est de changer suivant l’humeur… youplaboum.
Ce que tu dis là me touche beaucoup… Sans doute parce que je suis de celles qui se privent d’un tas de choses parce qu’elles ne s’aiment pas assez… Et parce que moi aussi j’ai longtemps eu un délire avec mes mains (et mes pieds aussi)!
Ce que j’observe souvent en premier chez les gens ce sont les mains, et y’a pas à dire mais des ongles soignés et souvent vernis, ça peut tout changer ! Moi je trouvais que j’avais de trop petites mains et du coup les doigts « boudinés », alors désormais je laisse pousser un peu mes ongles et comme ton esthéticienne je ne recouvre pas la totalité de l’ongle de vernis, ah la belle astuce ;)
ce que j’aime quand j’ai les mains manucurée: j’ai l’impression de bouger différemment, de parler avec les mains, de faire des gestes plus gracieux… j’adore cette impression !!
Tes derniers billets sont pleins de poësie et c’est toujours un plaisir de les lire. Je m’attendais à voir tes mains boudinées mais pas du tout elles sont bien mises en valeur avec le vernis et grâcieuses. Prochainement, un vernis bleu nuit, ça te dirait de tester ? C’est aussi joli !
Haaaa, oui, le vernis change les mains, complètement d’accord !
Je sors très, très rarement sans vernis (toujours dans des couleurs appartenant à la gamme rouge pour ma part (mais une « gamme » assez large, du corail au rouge noir) et lors de mes pauses sans vernis (car c’est quand même apparemment pas mal de les laisser « libres » de temps en temps pour les garder en bonne santé) et bien, mes mains me semblent différentes…
Je ne les reconnais pas… C’est très étrange !
En tous cas, ton vernis ainsi que tes mains sont très jolis !
Et, hâte, très hâte, d’en savoir plus sur ce petit projet !!
Voilà un joli billet comme j’aime en trouver sur des blogs de filles!
Tu as effectivement de très jolies mains. sourit
Continue de les faire écrire pour nous!
Les derniers articles m’ont beaucoup touchée.
Merci :cerise
Ca paraît fou avec de jolies mains comme les tiennes. Ce que tu dis est très justument et finement dit. Toutes ces barrières que nous nous imposons…
Et moi qui pensais qu’ aller se faire poser un vernis chez l’esthéticiennne ne servait à rien …
Bravo ! sourit
Quelle jolie réconciliation ! Et quelle réflexion universelle… Merci Anne-So, c’est très doux de voir tes mots réparateurs mis sur ces petites choses qu’on n’évoque d’ordinaire qu’entre soi et soi-même…
Allez hop, en route pour une beauté des mains! Merci pour ce joli billet…
Très jolies ces photos!!!
Moi aussi mes mains j’ai du mal. toutes petites, j’ai l’impression qu’on m’a greffé des mains de nouveau né. J’adore les tiennes (et surtout la façon dont tu mets ton vernis..)
De bien jolies mains pas etonnant qu’elles soient si agiles! :o) Comme beaucoup, moi ce sont mes pieds que je ne pouvais pas supporter (pas l’inverse, heureusement!! Ouh la la, mais quel humour Plume de savon!!). Conrairement a la majorite des gens, j’ai horreur des massage alors un jour, je me suis offert une pedicure:une decouverte, un veritable bonheur et une reconciliation! On est betes (comme ses pieds) parfois, non? Stop aux complexes!!
Voici de bien jolies menottes toutes métamorphosées en jolis papillons fantasques coquelicot. Joli passage à l’acte!Il était temps…30 ans d’attente t’imagine pour elles…une éternité!
c’est joli, féminin…digne d’une trentenaire quoi!
heu…j’ai passé le cap mais mes tristes moignons sont restés intactes. un peu mités…pas très fiers au grand dam de mon amoureux qui aimerait que je te copie.
Concernant mardi le suspense reste intact…mais quel est ce projet énigmatique???
Très bon week end.
Sonja
http://uneideecommeca.com/2009/09/ames-a-fleur-de-peau/
ah c’est malin, j’ai envie d’une manucure maintenant :) très jolies photos, ton serre-tête noeud te va très bien! et j’aime beaucoup la couleur de ton verni, un peu orangé…
je n’ai jamais mis de verni coloré, mais là depuis quelques semaines, j’y pense… lors de mon prochain voyage à paris j’y vais et j’emmène ma soeur!
bon week-end!
C’est exactement ça ! Je me souviens parfaitement du jour où mes mains sont devenues adultes. Moi qui pensait que mes doigts étaient des petits boudins, on m’a dit que j’avais des jolies mains. Et en quelques minutes, elles se sont, elles aussi, envolées.
Merci pour ton gentil mot à propos de mon blog. J’ai hâte d’en savoir plus sur ce projet !
C’est tellement vrai..ce que tu dis…j’ai caché mes pieds pendants des années et considéré mes mains comme de bonnes à rien (mais quand même vernis mes ongles!!)…maintenant je les utilise pour tricoter, coudre et peindre et même si les résultats ne révèlent pas un talent caché, je sais que la pratique fait des merveilles..bisous
PS très belles photos
Veronica
Ton post me redonne espoir car je suis très complexée par mes mains. J’ai le pouce de la main gauche un peu bizarre (il est gros et déformé, c’est pas si horrible mais ça me gène) et du coup je ne mets jamais de vernis pour ne pas attirer l’attention dessus. Je suis aussi celle qui planque ses mains sous la table ou dans ses poches ;)
je devrais peut-être faire comme toi et songer à les apprivoiser…
L’anonyme du dessus c’est moi ! (j’ai oublié de remplir le formulaire :d)
Moi j’ai plutôt des grandes mains, j’ai des périodes avec et sans vernis mais j’ai l’impression qu’elles font encore plus grandes avec du vernis en fait…ce qui ne me plaît pas forcément…
Par contre j’aime bien la couleur de ton vernis à toi, c’est quoi?
J’aime beaucoup ce billet, tellement vrai, nos inhibitions sont désarmantes d’une habitude plutôt que d’un jugement objectif. Sans compter qu’au passage, que tu as de très jolies mains ;-)
Bah si, elles sont très jolies ces mains. Tu fais bien de les montrer et d’en prendre soin !
Le vernis que tu portes est superbes ! Tes photos magnifique … et tu as de jolies mains !
Très joli texte où ton témoignage sur un ancien complexe « imaginaire » comme la plupart des complexes vient faire écho chez chacune de nous à du vécu… C’est là tout ton talent d’écrivaine!
Pour ma part je vernis mes ongles tout le temps depuis mes 12 ans car ça me donne confiance d’avoir des mains nickels et surtout parce que sinon je les ronge…
A bientôt de te lire, je ne loupe aucun article mêm si je ne commente pas toujours… Merci pour ce blog qui met du beau ds nos vies!
J’aime bien ta façon de mettre du vernis, pas sur l’ongle tout entier ; en voyant ton auriculaire, ça m’a rappelé le rouge à lèvre des geishas.
Je viens souvent souvent mais c’est la première fois que je laisse un com. Ce post me parle parce que moi aussi je m’interdis beaucoup de choses, non pas à cause de mes mains mais de mon corps entier que je n’accepte pas pourtant il n’y a pas de quoi. Des jours je me dis que tout serait bien plus facil si tous ces complexes imaginaires ne me bouffaient pas la vie. Tu peux dire merci à cette esthéticienne car des mains sont très jolies et ce rouges magnifiques va très bien avec la couleur de ta peau.
Juste un petit message pour répondre à quelques questions/remarques :
+ La référence du vernis : Big apple red de OPI. Si vous ne connaissez pas encore, j’en profite pour vous dire que les vernis OPI sont extraordinaires. Non seulement la gamme de couleurs est immense (des centaines de références, même si on ne les trouve pas toutes en France), le venis est le plus simple à appliquer que je connaisse et c’est aussi celui qui dure le plus longtemps (souvent, quand je l’enlève c’est parce que l’ongle a trop poussé, rarement parce que le vernis est écaillé)
+ La méthode : en effet, je ne peins pas toute la surface de l’ongle. Mes ongles sont trop larges, ce ne serait pas joli. faire des gouttières permet de le redessiner et de l’affiner. Ca rend l’application un tout petit peu plus difficile, mais au final, j’aime bien le résultat.
merci pour la référence du VAO !
En tout cas, ce vernis… De toute beauté, vraiment.
Et tes mains sont bien loin d’être immondes.
Définitivement, ces mains et ce vernis, c’est un assortiment presque merveilleux (vermeilleux ? ;) )
J’ai la même sensation avec mes mains. Je les trouvais fort jolies il y a encore quelques années. Puis elles ont changé, évolué… Depuis, je ne les reconnais plus. Moi qui pensais pourtant qu’elles resteraient à jamais celles d’une enfant. On a tendance à toujours maltraité ce que l’on aime le moins en nous. Et c’est une grave erreur ! Il faut s’apprécier et ce dans toute notre intégralité !
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