Oh là là Marine. C’est une histoire magique. Ma cousine. La vie prend parfois de drôles de chemins : nous avons fait la connaissance l’une de l’autre il y a cinq ans seulement. Marine, elle est belle comme c’est pas permis. Je vois souvent les gens se retourner sur elle, hypnotisés par tout ce qu’elle dégage. Elle a toujours des expressions mignonnes, par exemple, elle dit d’elle : « je suis un coussin » pour décrire ses adorables rondeurs. J’adore quand on regarde des films sous le plaid, le dimanche en hiver, même si elle finit presque toujours par s’endormir. La joie que c’est quand on prend le temps de dessiner toutes les deux, sous le parasol, moi des petits pâtés et elle, toutes ces choses gracieuses qui semblent surgir du papier.
Tantôt, je trouve en elle l’enfant qu’elle a dû être et que je souffrirai toujours un peu de n’avoir pas connu, tantôt elle semble dotée d’un siècle de sagesse. Mon amie Nadia a dit d’elle une fois qu’elle était « une vieille âme » et ça me semble juste (même s’il faut bien avouer que cette histoire d’âme vieille ou jeune est un concept qui me dépasse un peu).
Mais voilà ce qui est magique : à la seconde précise où j’ai rencontré son visage pour la première fois, je l’ai aimée comme si nous nous étions toujours connues. Je n’ai pas eu besoin de savoir quel était son tempérament, ni ce qu’elle aimait, comment elle se comportait, ni même si elle allait m’aimer en retour. J’ai découvert ce jour-là qu’il y avait cette place pour elle et que ça se passait d’explication.
Cette expérience a remis en question tout ce que je croyais de l’amour : qu’il fallait que mes amis, mon entourage, mon amoureux soient comme ceci ou comme cela, qu’ils s’intéressent à telle ou telle chose, qu’ils aient plutôt telle ou telle idée sur la vie ou que sais-je. Alors que l’amour, je l’ai découvert a ce moment là, l’amour peut aussi se passer d’argument. Quelquefois il est là, simplement.
La semaine dernière, c’était sa rentrée dans une prestigieuse école hollandaise. Un grand, grand changement dans sa vie. C’est difficile de ne pas me précipiter là-bas pour faire son petit déjeuner et lui tenir la main.