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Un arc-en-ciel

Cette fois, je suis bel et bien rentrée à Paris. Comme à chaque fois, il m’a fallu du temps pour revenir à la réalité et que travail, projets et tâches quotidiennes circulent à nouveau à travers mes synapses. Comme à chaque fois, je rentre de Normandie avec le sentiment que ce n’était pas assez. Mais à y réfléchir, c’est un « pas assez » bienfaisant : cette même petite place vide qui vous laisse l’estomac à la fois satisfait et frustré, après avoir mangé un éclair au café.

Cette année encore, les bons souvenirs sont trop nombreux pour pouvoir se les remémorer en une fois et je prends plaisir à les dérouler à nouveau en pensée, l’un après l’autre, éberluée d’avoir vécu avec une telle intensité alors qu’on s’appliquait surtout, en fait, à ne rien faire :

Cette journée passée au Cagnard du Sud, où l’on a vu nager un phoque à quelques mètres du bateau ; les vociférations de Bérangère, à bord, pour un oui pour un non ; les sommeils écrasants de Bruno, partout où il s’installe et cette soirée surréaliste que nous avons passée au Georges.

Les blind-test chez François où je perds à chaque fois avec la plus grande mauvaise foi et les grands verres de Jet 31 qui se remplissent toujours quand on a le dos tourné ; Les apéro-porto au Rétro qui commencent à trois et se terminent à quinze autour de quatre ou cinq tables agglutinées en désordre sur la petite terrasse.

Ce mauvais vélo qui me rend bien service à quatre heures du matin, quand il faut bien rentrer et qu’heureusement, je n’ai qu’une route à suivre en ligne droite pour arriver chez moi ; le petit café qu’on va prendre chez les uns et les autres à toute heure du jour et le petit commerce de citronnade que les enfants avaient monté pour tenter de s’offrir un Ipad.

Le visage de Marc, qui s’illumine chaque fois qu’on se met à parler nourriture, ses incomparables moules au safran qu’il faut des heures pour préparer quand on est plus de dix à table et sa citronnade arrangée de vodka qui fait perdre la tête à Jeanne. Cette partie de poker où j’ai joué et pratiquement gagné sans jamais rien comprendre au jeu. La musique dans le salon, toujours trop forte ou pas assez. Nos goûts musicaux contestables.

Le beau Thomas qui vend des tomates à l’ancienne, le dimanche au marché ; les absences de Jean au moment du goûter et cette façon qu’il a d’être toujours un peu ailleurs quand il est parmi nous. Et notre virée sur la prame qui n’avait pas bien commencée.

Et aussi les nuits passées avec Dan à refaire le monde ou tenter de trouver comment y naviguer sans perdre complètement le nord ; ces amis d’enfance qui ressurgissent tout à coup dans votre vie sans qu’on les ai vus venir ; cette petite heure si douce à papoter avec Séverine au pied du calvaire, le jour de la kermesse ; le fond de bouteille que l’on finit toujours par boire l’air de rien, avec Stéph sur le coup des cinq heures du matin et ce petit verre de jus d’orange avant d’aller se coucher lorsque le jour se lève ; les allers et venues d’Antoine au gré de ses jours de congé ; les passages éclair de Jean-Marc ; les graines de tournesol de Natalia, volées la nuit dans un champ par Bertrand ; le lumineux visage de Béné qui semble avoir marqué des points sur l’échelle du bonheur, les moqueries d’Anne-Laure qui font rire tout le monde jusqu’à ce qu’elles s’adressent à vous, cette virée en kayak face au vent dans la baie du Mont Saint Michel, l’énergie de Lily et sa façon de toujours rire de tout, la bienveillance patriarcale de Papou, les gaufres de chez Yver au Plat Gousset et la jolie gaufrière bien trop jeune pour Bruno, le hamac toujours occupé par quelqu’un quand on voudrait s’y allonger, le mythique Trois Frères de la maison, la cloche de la chapelle qui annonce une messe à laquelle plus personne n’assiste, les grandes tablées qui n’en finissent jamais de s’allonger, les jours qui raccourcissent déjà, les repas sur le pouce, les bains de minuit qu’on se promet chaque soir et auxquels chaque soir on renonce, les livres qu’on dévore et s’échange…

En les égrenant ainsi, il me semble rentrer à Paris avec un arc-en-ciel au-dessus de la tête. Un arc-en-ciel pour la rentrée, c’est plutôt bon signe, non?

31 réflexions sur “Un arc-en-ciel”

  1. toi, j’ai l’impression que tu passé de bonnes vacances !!
    C’est amusant, je vois certaines de tes descriptions d’amis que je pourrais appliquer à mes amis ! Comme quoi, toutes les bandes de pote se ressemblent !

    Bon retour !

  2. C’est si agréable de lire ce compte-rendu en imaginant tous ces gens qui profitent de la vie.

  3. Génial tu es de retour, je commençais à désespérer que tu aies abandonné pour toujours ce blog….un bien joli billet pour annoncer ton retour ! xx

  4. Tu as énormément de chance d’avoir de tels amis que tu peux retrouver chaque année sans que rien n’est changé… c’est ce qui est magnifique dans l’amitié et revenir avec un arc en ciel en tête c’est que du bonheur je trouve ^^bonne rentrée

  5. On sent beaucoup de nostalgie dans ton billet … nostalgie que tu arrives à transmettre car cela fait un petit moment que je suis rentrée mais du coup , je me surprends à repenser à mes vacances et aux bons moments !
    Merci !

    1. C’est drôle, Isa, je ne me sens pas du tout nostalgique. Juste contente, pleine de bonne énergie, consciente de la chance que cela représente une auberge espagnole comme celle-là, en vacances, que du plaisir en fait, aucune mélancolie cachée derrière tout ça :)

  6. Contente que tu sois rentrée de Normandie. Moi aussi je serai déboulunée :) Mais je n’ai pas eu de vacances cet été et c’est ce qui me déboulune le plus :/

    J’aime comme tu parles de François, Jean, Thomas, Dan … Je sais pas, c’est mystérieux pour moi tous ces inconnus mais en même temps tu arrives à me faire ressentir des choses sur ces personnes …

    Bonne rentrée à toi sous cet arc en ciel :)

  7. C’est vrai que c’est une véritable auberge normande que tu nous décris là, et vous avez l’air de former un sacré bon groupe d’amis ! J’imagine qu’il y a des nouveaux ou nouvelles chaque année, en fonction des histoires de chacun, ça me fait aussi penser au film Les petits mouchoirs, le côté tragique en moins, mais ce film retranscrit bien cet espèce d’ambiance que tu décris aujourd’hui; Bises et bonne rentrée arc-en-ciel !

  8. Comme ca fait du bien de retrouver tes jolis articles Anne So!
    Je te souhaite une excellente rentree, aussi bonne que tes vacances. Et j’espere que tu vas ecrire plus regulierement :)

  9. Je ne sens pas de nostalgie dans ce merveilleux récit de tes vacances. Il s’en émane plutôt une douceur de vivre, du bonheur fait de petits riens qui forment une étonnante harmonie… étaient-ce ces moments ou est-ce la narratrice qui sait les mots pour les dire ? Probablement un peu les deux… certainement beaucoup ton talent de conteuse qui m’émeut chaque fois.
    Merci pour l’arc en ciel !
    Anne

  10. J’aime beaucoup le rythme de ton billet, ça commence doucement, et on se laisse entraîner comme dans un joli manège.

  11. Un merveilleux texte…Tu as dû passer d’excellentes vacances! Tous ses souvenirs vont te booster pour cette rentrée! Bizz

  12. Très joli récit de vacances empreint de nostalgie et d’images expressives!
    Aaahhh, qu’on les aime ces vacances hein!? :)

  13. Lulu Becassine

    Et bien, il y en a eu du passage en Normandie cet ete.
    tes ecrits donnent vraiment le sourire.
    Bisouxx

  14. RaouldeCourlaoux

    Je découvre ton blog et c’est une jolie surprise ; j’ai beaucoup de plaisir à te lire, on a l’impression d’avoir partagé les vacances avec toi. Surtout sur le Plat Gousset, que je connais ;-)

  15. Quelle jolie description de vacances avec ses amis ! Cela fait rêver et donne encore moins envie de reprendre le travail et sa routine. Les enfants ont-ils réussi à réunir assez d’argent pour acheter leur Ipad car il fallait en vendre des citronnades ? :2choco

  16. bah dis donc, tu es bavarde toi ! l’article est très joli, et ton blog est plein de style !!! j’aime beaucoup, bonne rentrée alors !

  17. Quelles jolies vacances, pleine d’amitiés, de bonheurs simples et de temps retrouvé.
    Des petites choses anodines qui bout à bout contribuent au bonheur.
    Sentir la fraicheur du soir tomber, manger dehors éclairé par deux trois bougies (au point de ne plus voir les visages), « prendre » quelques mais dans le champ d’en face (pour nourrir des biquettes), oublier l’heure, se lever quand on est reposé, manger quand on a faim… Ca fait toujours du bien! Rire et s’émerveiller, pour ré-attaquer sereinement!

  18. Bonjour, je suis nouvelle ici, j’ai découvert cet espace il y a peu et j’adore vraiment tes textes et tes photos.
    Encore une fois, celui-ci est magnifique et puis ça fait rêver d’avoir un arc-en-ciel pour la rentrée !
    Bonne continuation.

  19. Comme toujours de bien jolies photos et cette façon inimitable que tu as de poser les mots. Ce billet me rappelle certaines soirées, certains amis … j’adore ces instantannés de vie. Merci Anns-So pour ce beau billet.

  20. bonjour j’ai découvert votre blog; trop joli ! Poétique, drôle, fille quoi !

    vos photos sont superbes: j’adore leur côté flouté: comment obtenez-vous cet effet et avec quel appareil ? merci de votre réponse, j’aimerai pourvoir photographier mes souvenirs de cette façon! dans l’attente de vous lire et de découvrir d’autres billets

    Bonne semaine

  21. Je suis en admiration devant la plupart de tes textes, mais surtout concernant tes photographies, que je trouve toujours magnifiques, tu es une grande source d’inspiration pour moi, qui suis passionnée de photos ! Bonne continuation

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