Tout ce dont on se prive
C’est un rien de la vie ordinaire : j’ai découvert tout récemment que mes mains n’étaient pas immondes. Élargissement inattendu de mon champ des possibles. Voilà 30 ans que je les observais, dépitée. Dépitée que ces mains qui me sont si précieuses ne soient pas, visuellement, à la hauteur de la place immense qu’elles tiennent dans ma vie : mes mains écrivaines, vecteur infatigable de tout ce qui me passe par la tête. Ces deux araignées bricoleuses, agiles comme pas deux. Cuisinières. Petites extrémités curieuses, touche-à-tout. Je les ai toujours aimé. Mais pas assez. J’avais pour elles le même amour